Définition : toutes les personnes vivant dans un ménage appartiennent à un ménage à très faible intensité de travail si l’intensité de travail de ce ménage est inférieure à 20%. L’intensité de travail d’un ménage correspond au rapport entre le nombre de mois durant lesquels les membres d’âge actif du ménage ont effectivement travaillé au cours de l’année précédant l’année de l’enquête et le nombre total de mois au cours desquels ils auraient théoriquement pu travailler au cours de cette même année.

Les membres du ménage en âge de travailler sont définis comme des personnes âgées de 18 à 64 ans. En sont exclus les étudiants (18-24 ans), les personnes qui se considèrent comme retraitées ou qui perçoivent une pension (à l’exception d’une pension de survie) et les personnes inactives âgées de 60 à 64 ans qui appartiennent à un ménage dont le principal revenu est une pension.

Les personnes vivant dans des ménages à très faible intensité de travail font partie du groupe cible des personnes présentant un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.

Étant donné la tendance à travailler jusqu’à un âge plus avancé, la limite d’âge supérieure de cet indicateur a été portée à 64 ans, contre 59 ans auparavant, dans le cadre de la stratégie Europe 2020. En outre, seuls les étudiants (entre 18 et 24 ans) n’étaient pas considérés comme des membres de la famille en âge de travailler. Les ménages composés uniquement d’enfants, d’étudiants de moins de 25 ans et/ou de personnes âgées de respectivement 60 ou 65 ans ou plus sont totalement exclus du calcul de l’indicateur (Statbel, 2022b; Eurostat, 2021; European Commission, 2022).

L’évolution générale des deux indicateurs pour la Belgique et l’UE est commentée ci-dessous. L’indicateur utilisé dans le cadre de la stratégie Europe 2020, dont les données sont disponibles depuis 2004, est ensuite appelé "(UE 2020)". Pour l’indicateur utilisé après la stratégie Europe 2020 dans le cadre du plan d’action pour le pilier européen des droits sociaux (Commission européenne, 2021), il n’y a pas d’indication spécifique. Pour celui-ci, des données sont disponibles à partir de 2015 au plus tôt et les données pour la Belgique sont également utilisées pour expliquer l’évolution par région et pour différentes catégories de population. Les données relatives à l'intensité de travail présentées ici sont basées sur l'enquête Statistics on Income and Living Conditions (EU-SILC) de l'Union européenne, où les données sur l’emploi se rapportent toujours à l’année précédant l'année de l'enquête. Cela signifie, par exemple, que pour l'année d'enquête 2020 ce sont les données d'emploi de 2019, qui n'ont pas été affectées par la crise de la Covid-19, qui ont été utilisées pour le calcul de cet indicateur.

Statistics Belgium organise en Belgique cette enquête harmonisée au niveau de l'UE et en met les résultats à disposition, notamment d'Eurostat. 2004 est la première année pour laquelle des données européennes harmonisées ont été collectées pour calculer l'indicateur. Les données utilisées ici proviennent d'Eurostat, sauf mention contraire, qui publie des résultats détaillés et comparables entre les États membres de l'UE. Comme ces données sont basées sur des enquêtes, il faut tenir compte d’une marge d’incertitude. Cette marge d'incertitude augmente à mesure que l'indicateur est calculé pour des sous-populations plus petites. Les intervalles de confiance (IC) correspondant à ces données sont disponibles sur demande auprès de Statistics Belgium.

À partir de 2019, la méthodologie de l’enquête a été revue en profondeur pour une meilleure précision. En 2020, c’est la pandémie de Covid-19 qui a impacté la collecte des données. De ce fait, il est difficile de comparer les résultats de SILC 2020 avec ceux des années précédentes. (Statbel, 2021). En conséquence, ils ne sont pas utilisés pour calculer et évaluer la tendance à long terme. Il convient également de noter qu'en raison du recours généralisé au chômage temporaire pendant la pandémie de Covid-19, la catégorie "chômeurs" dans SILC 2021 comprend non seulement les chômeurs de longue durée, mais aussi les personnes qui ont été au chômage temporaire pendant plus de 6 mois et qui vivent généralement dans des conditions moins précaires (Statbel, 2022a).

Objectif: la part des personnes vivant dans un ménage à très faible intensité de travail, et leur nombre, doivent diminuer.

Les objectifs de développement durable ou SDG adoptés par l'ONU en 2015 comprennent les sous-objectifs suivants: "Assurer l’égalité des chances et réduire l’inégalité des résultats, notamment en éliminant les lois, politiques et pratiques discriminatoires et en promouvant l’adoption de lois, politiques et mesures adéquates en la matière" (sous-objectif 10.3) et "D’ici à 2030, réduire de moitié au moins la proportion d’hommes, de femmes et d’enfants de tout âge qui vivent dans la pauvreté sous tous ses aspects, telle que définie par chaque pays et quelles qu’en soient les formes" (sous-objectif 1.2).

Les personnes qui vivent dans un ménage à très faible intensité de travail font partie du groupe cible pour lequel un nouvel objectif de réduction a été adopté dans le cadre du plan d'action du pilier européen des droits sociaux , à savoir les personnes présentant un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (Conseil européen, 2021a, 2021b). Dans ce cadre, la Belgique s'est engagée à réduire de 279.000 personnes (dont 93.000 enfants) le nombre de personnes exposées à un risque de pauvreté ou d'exclusion sociale, sur la base des données SILC 2019, pour atteindre 1,982 million de personnes d'ici à 2030 (Commission européenne, 2022b, Federal Public Service Social Security, 2023).

Elles faisaient également–partie - compte tenu du changement de définition susmentionné - du groupe de personnes présentant un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale tel que décrit dans la Stratégie Europe 2020 (Commission européenne, 2010).

Évolution: sur la période 2015-2022, en tenant compte de la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2019, la part des personnes de moins de 65 ans vivant dans un ménage à très faible intensité de travail a diminué de 15% à 11,5%.

Malgré la crise Covid et les confinements et dommages économiques associés, cet indicateur n'a pas augmenté en Belgique entre 2019 et 2021. Ceci s'explique par la politique belge menée durant cette crise visant à sécuriser les revenus principalement dans les déciles les plus bas (Federal Public Service Social Security, 2023).

Comparaison internationale: dans l'UE27, la part des personnes de moins de 65 ans vivant dans un ménage à très faible intensité de travail atteignait 10,7% en 2014. En 2015 cette part était de 10,1% et celle-ci a continué à diminuer pour atteindre 8,3% en 2022. La moyenne pour la Belgique sur cette période est supérieure d’environ 4,5 points de pourcentage à celle de l'UE27. Lorsque les États membres sont répartis en trois groupes, la Belgique fait partie du groupe qui a les moins bonnes performances en 2022. Cette année-là, le Luxembourg était à la première place avec 3,5% et la Belgique à la dernière avec 11,5%.

La part des personnes de moins de 60 ans vivant d’ns un ménage à très faible intensité de travail dans l'UE27 (UE 2020) est passée de 9,9% en 2010 à 11,1% en 2014 avant de diminuer à 9,3% en 2021. La moyenne pour la Belgique sur cette période est supérieure de 3,7 points de pourcentage à celle de l'UE27. Lorsque les États membres sont répartis en trois groupes, la Belgique fait partie du groupe qui a les moins bonnes performances en 2021. Cette année-là, la Pologne était à la première place avec 4,3% et la Grèce à la dernière avec 13%.

Ventilation selon la Région: Belgique la part des personnes de moins de 65 ans vivant dans un ménage présentant une très faible intensité de travail en 2022 est, avec la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2019, de 20,2% à Bruxelles (IC95% 17,8 – 23), de 6,1% en Flandre (IC95% 5 – 7,2), de 18% en Wallonie (IC95% 16,5 – 19,5) et de 11,5% en Belgique (IC95% 10,7 – 12,3).

La comparaison entre Régions et l’analyse de l’évolution dans le temps de ces indicateurs doit prendre en compte l’amplitude des intervalles de confiance.

Ventilation selon le sexe:  sur la période 2015-2022, compte tenu de la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2019, la proportion de femmes de moins de 65 ans vivant dans des ménages à très faible intensité de travail est passée de 16% à 12,%. Le pourcentage pour les hommes est plus faible et est passé de 14% à 10,9% sur cette période.

Ventilation selon le revenu: compte tenu de la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2019, les données sur la très faible intensité de travail pour la période 2015-2022 montrent que plus le revenu est élevé, plus la part des personnes vivant dans un ménage présentant une très faible intensité de travail est faible, compte tenu de la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2019. Avec la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2019, 51,3% de la population du quintile de revenu le plus bas vivait dans cette situation en 2022. Pour les quintiles de revenus plus élevés cette part diminue fortement pour atteindre 0,6% dans le quintile de revenu le plus élevé.

Ventilation selon l'âge: sur la période 2015-2022, en tenant compte de la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2019, la part des personnes vivant dans des ménages à très faible intensité de travail a diminué pour tous les groupes d'âge. La chute pour les 60 à 64 ans est frappante, passant de 39,2% à 26,3%. Pour les autres catégories d'âge, la baisse est en moyenne de l'ordre de 14% à 11,3%.

Ventilation selon l'éducation: plus le niveau d'éducation est élevé, plus la part des personnes vivant dans des ménages à très faible intensité de travail est faible. En tenant compte de la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2019, cette part s'élève en 2022 à 37,3% pour les personnes ayant au plus un diplôme de l'enseignement secondaire inférieur. Pour les personnes ayant un diplôme de l'enseignement secondaire supérieur ou de l'enseignement supérieur, cet indicateur s'élève respectivement à 12,9% et 4,4% en 2022.

Il est à noter que la part des personnes appartenant à la catégorie d'éducation la plus élevée a chuté de 7,2% en 2015 à 4,4% en 2022. Pour la catégorie d'éducation la plus basse, une baisse est observée de 36,3% en 2015 à 31,2% en 2018, avant de remonter à 37,3% en 2022. Pour ceux de la catégorie d'éducation intermédiaire, la baisse est limitée, passant de 14,2% en 2015 à 12,9% en 2022. 

Ventilation selon le type de ménage: la part des personnes de moins de 65 ans vivant dans un ménage à très faible intensité de travail, en tenant compte de la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2019, est la plus élevée pour les personnes seules et les familles monoparentales, soit environ 31,5% pour la période 2015-2022. Pour les ménages de deux adultes (avec ou sans enfants), ce taux est nettement plus faible.

Ventilation selon le statut d'activité: les données sur la très faible intensité de travail pour la période 2015-2022, compte tenu de la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2019, indiquent que cette part est la plus élevée pour les chômeurs en atteignant 59,5%. Pour les ‘autres inactifs’ elle est de 39,3% et pour les travailleurs de 0,2%.

A noter que la baisse de la part de chômeurs dans un ménage à très faible intensité de travail de 64,2% en 2020 à 55,5% pour l'année suivante est influencée par le recours généralisé au chômage temporaire suite à la pandémie Covid-19. La catégorie des "chômeurs" mentionnée dans SILC 2021 comprend, outre les chômeurs de longue durée, les personnes qui ont été temporairement au chômage pendant plus de 6 mois et qui vivent généralement dans des conditions moins précaires (Statbel, 2022a). L’évolution entre 2015 et 2022 pour les autres catégories reste pratiquement stable.

Indicateur ONU: l’indicateur choisi est lié à l'indicateur 1.2.2 - Proportion d’hommes, de femmes et d’enfants de tous âges vivant dans une situation de pauvreté sous toutes ses formes, telles que définies par chaque pays, étant donné que la population vivant dans un ménage présentant une très faible intensité de travail fait partie de la population avec un risque de pauvreté ou d'exclusion sociale, indicateur correspondant à la définition nationale de pauvreté multidimensionnelle.

Sources

• Générales

  • SDG, objectifs de développement durable (Sustainable Development Goals): Nations Unies (2015), Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Résolution adoptée par l’Assemblée générale le 25 septembre 2015, document A/RES/70/1.

  • Indicateurs: Nations Unies (2017), Travaux de la Commission de statistique sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Résolution adoptée par l’Assemblée générale le 6 juillet 2017, document A/RES/71/313.

  • UN Sustainable Development: https://sdgs.un.org/ (consulté le 18/01/2023).

  • UN Sustainable Development Goal indicators website: https://unstats.un.org/sdgs/ (consulté le 18/01/2023).

• Spécifiques

  • Commission européenne (2010), Europe 2020, Une stratégie pour une croissance intelligente, durable et inclusive; http://ec.europa.eu/archives/commission_2010-2014/president/news/documents/pdf/20100303_1_fr.pdf (consulté le 24/09/2020).

  • Commission européenne (2022), La Commission se félicite des objectifs des États membres pour une Europe plus sociale à l'horizon 2030, https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/IP_22_3782 (consulté le 02/05/2023).

  • European Commission (2022), Share of population living in (quasi-)jobless households indicator - Revised version, https://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=818&langId=en&id=201 (consulté le 18/01/2022).

  • Conseil européen (2021a), Conclusions – 24 et 25 juin 2021, EUCO 7/21, https://www.consilium.europa.eu/media/50830/2425-06-21-euco-conclusions-fr.pdf (consulté le 28/10/2021).

  • Conseil européen (2021b), Sommet social de Porto, 7 mai 2021, https://www.consilium.europa.eu/fr/meetings/european-council/2021/05/07/social-summit/ (consulté le 28/10/2021).

  • Eurostat (2021), Glossary: Persons living in households with low work intensity, https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Glossary:Persons_living_in_households_with_low_work_intensity (consulté le 19/11/2021).

  • Federal Public Service Social Security (2023), Analysis of the evolution of the social situation and social protection in Belgium 2021, https://socialsecurity.belgium.be/sites/default/files/content/docs/en/publications/silc/silc-analysis-social-situation-and-protection-belgium-2021-en.pdf (consulté le 02/05/2023).

  • Statbel (2021), SILC FAQ, https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvrete-et-conditions-de-vie/faq, voir en particulier "Y a-t-il des ruptures de séries dans la chronologie de l'enquête SILC ?" (consulté le 19/11/2021).

  • Statbel (2022a), Risque de pauvreté ou d'exclusion sociale - Indicateurs-SILC 2019-2021, https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvrete-et-conditions-de-vie/risque-de-pauvrete-ou-dexclusion-sociale#figures (consulté le 15/06/2022).

  • Statbel (2022b), SILC definitions, https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvrete-et-conditions-de-vie/plus (consulté le 15/06/2022).