Définition: l'intensité du risque de pauvreté est calculé comme l’écart entre le revenu net disponible total équivalent médian des personnes vivant sous le seuil de risque de pauvreté et le seuil de risque de pauvreté lui-même, exprimé en pourcentage du seuil de risque de pauvreté. L’indicateur donne une idée de la gravité ou de l’intensité de la pauvreté dans un pays. Plus l’indicateur est élevé, plus le revenu des personnes exposées à un risque de pauvreté est faible. C’est un instrument pour quantifier la nature des inégalités dans une société.

Ce seuil de risque de pauvreté est fixé à 60% du revenu disponible équivalent médian national de l’ensemble des personnes d’un pays. Le seuil de risque de pauvreté est recalculé chaque année. Le revenu net disponible est égal à la somme des revenus bruts de tous les membres du ménage dont sont soustraits les impôts, les cotisations sociales et les transferts entre ménages (CE, 2016). Afin d'obtenir le revenu net disponible équivalent, le revenu net disponible est divisé par un facteur d'équivalence (dit l'échelle d'équivalence modifiée de l'OCDE). Un adulte a un facteur de 1, chaque personne supplémentaire à partir de 14 ans ayant un facteur de 0,5 et chaque personne supplémentaire de moins de 14 ans ayant un facteur de 0,3. Le revenu net disponible équivalent permet de comparer le niveau de vie des personnes en tenant compte des économies d'échelle résultant d'un ménage commun et de la composition de la famille. Il est supposé que le niveau de vie des personnes ayant un revenu net disponible équivalent inférieur à 60 % de la médiane nationale dans la population totale n'est pas suffisant pour participer aux modes de vie minimum acceptables en Belgique.

Les données relatives aux personnes exposées à un risque de pauvreté présentées ici se basent sur l'enquête Statistics on Income and Living Conditions (EU-SILC) de l'Union européenne, où les données sur les revenus se rapportent toujours à ceux de l'année qui précède l'année de l'enquête. Cela signifie, par exemple, pour l'année d'enquête 2020 ce sont les revenus de 2019, qui n'ont pas été affectés par la crise de la Covid-19, qui ont été utilisés pour le calcul de cet indicateur (Statbel 2021a).

Statbel organise en Belgique cette enquête harmonisée au niveau de l'UE et en met les résultats à disposition, notamment d'Eurostat. L’année 2004 est la première année pour laquelle des données harmonisées à l’échelle européenne ont été collectées pour calculer l’indicateur. Les données utilisées ici proviennent d'Eurostat qui publie des résultats détaillés et comparables entre les États membres de l'UE. Comme ces données sont basées sur des enquêtes, il faut tenir compte d’une marge d’incertitude. Cette marge d'incertitude augmente à mesure que l'indicateur est calculé pour des sous-populations plus petites. Les intervalles de confiance (IC) correspondant à ces données sont disponibles sur demande auprès de Statbel.

À partir de 2019, la méthodologie de l’enquête a été revue en profondeur pour une meilleure précision. Dès lors, les données récoltées jusqu’en 2018 ne sont pas comparables avec celles collectées à partir de 2019. En 2020, c’est la pandémie de Covid-19 qui a impacté la collecte des données. De ce fait, il est difficile de comparer les résultats de SILC 2020 avec ceux des années précédentes. (Statbel, 2021b). En conséquence, ils ne sont pas utilisés pour calculer et évaluer la tendance à long terme.

Objectif: l'intensité du risque de pauvreté doit diminuer.

Les objectifs de développement durable ou SDG adoptés par l'ONU en 2015 comprennent le sous-objectif 10.3 : « Assurer l’égalité des chances et réduire l’inégalité des résultats, notamment en éliminant les lois, politiques et pratiques discriminatoires et en promouvant l’adoption de lois, politiques et mesures adéquates en la matière. »

Outre le sous-objectif 10.3, les SDG comprennent également les sous-objectifs suivants : « D’ici à 2030, faire en sorte, au moyen d’améliorations progressives, que les revenus des 40 pour cent les plus pauvres de la population augmentent plus rapidement que le revenu moyen national, et ce de manière durable » (sous-objectif 10.1) ; « D’ici à 2030, autonomiser toutes les personnes et favoriser leur intégration sociale, économique et politique, indépendamment de leur âge, de leur sexe, de leur handicap, de leur race, de leur appartenance ethnique, de leurs origines, de leur religion ou de leur statut économique ou autre » (sous-objectif 10.2) ; « Adopter des politiques, notamment sur les plans budgétaire, salarial et dans le domaine de la protection sociale, afin de parvenir progressivement à une plus grande égalité » (sous-objectif 10.4) et « D’ici à 2030, réduire de moitié au moins la proportion d’hommes, de femmes et d’enfants de tous âges souffrant d’une forme ou l’autre de pauvreté, telle que définie par chaque pays » (sous-objectif 1.2).

En ce qui concerne le principe de base selon lequel le niveau de vie des personnes exposées à un risque de pauvreté n'est pas suffisant pour participer aux modes de vie minimum acceptables en Belgique, la Vision stratégique fédérale à long terme de développement durable a, pour 2050, l'ambition suivante qui va plus loin que les SDG ou que la Stratégie Europe 2020 : « Toute personne disposera de revenus du travail, du patrimoine ou de remplacement et aura accès aux services d’intérêt général. Elle pourra ainsi, au cours des différentes étapes de son existence, subvenir à l’ensemble des besoins inhérents à une vie conforme à la dignité humaine » (objectif 2 ; Moniteur belge, 08/10/2013).

Évolution: en 2022, avec la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2020, l'intensité du risque de pauvreté en Belgique s’élevait à 18,2%. Cela signifie que le revenu net disponible total équivalent médian des personnes exposées à un risque de pauvreté était inférieur de 18,2% au seuil de risque de pauvreté. En 2022, ce seuil de risque de pauvreté s’élevait à 16.388 euros pour une personne isolée (voir risque de pauvreté). L'intensité du risque de pauvreté fluctue depuis 2004. En 2004, l'indicateur s’élevait à 21,5%. La moyenne pour la période de 2004 à 2018 est de 18,6%. En 2019 il atteignait 16,3% et ensuite il descendait pour atteindre 15,2% en 2021. En 2022 l'indicateur a augmenté jusqu'à 18,2%.

Comparaison internationale: l'intensité du risque de pauvreté dans l’UE27 est plus élevée qu’en Belgique. Entre 2010 et 2022, il a fluctué autour de 23,7%. En 2022, il était de 23,1%. Lorsque les États membres sont répartis en trois groupes, la Belgique fait partie du groupe qui a les meilleures performances en 2022. Cette année-là, la Finlande était à la première place avec 14,8% et la Roumanie à la dernière avec 32%.

Ventilation selon la Région: l'intensité du risque de pauvreté en 2022 est, avec la nouvelle méthodologie utilisée à partir de 2019, de 19,9% à Bruxelles (IC95% 11,5 – 28,3), de 18,2% en Flandre (IC95% 16,2 – 20,2), de 17,8% en Wallonie (IC95% 15 – 20,6) et de 18,2% en Belgique (IC95% 17,3 – 19,1). La comparaison entre Régions et l’analyse de l’évolution dans le temps de ces indicateurs doivent prendre en compte l’amplitude des intervalles de confiance.

Ventilation selon le sexe: sur la période allant de 2004 à 2018 l'intensité du risque de pauvreté est en moyenne de 18% chez les femmes et de 19,3% chez les hommes. Entre 2019 et 2022, cet indicateur a augmenté de 15,4% à 17,8% chez les femmes et de 17,3% à 20% chez les hommes.

Ventilation selon l'âge: l'intensité du risque de pauvreté des personnes de moins de 18 ans a fluctué autour de 19,6% au cours de la période 2004-2018. Pour les personnes âgées de 18 à 65 ans, elle était de 20,8%. Chez les plus de 65 ans, une tendance à la baisse peut être observée, passant de 18% à 10,8% au cours de cette période.

Entre 2019 et 2022, cet indicateur a augmenté de 15,4% à 21,2% pour les personnes de moins de 18 ans. Pour les personnes âgées de 18 à 65 ans, il atteignait respectivement 18,6% et 20,3%. Et pour les plus de 65 ans, cet indicateur est resté relativement stable autour des 12,2%.

Indicateur ONU: l’indicateur choisi ne correspond à aucun indicateur de suivi des SDG, mais est relié au sous-objectif 10.3. L’indicateur intensité du risque de pauvreté reflète, en effet, la gravité de la situation de pauvreté. Plus l’indicateur est élevé, plus il est difficile d’assurer l’égalité des chances des personnes exposées à un risque de pauvreté et d’éliminer les inégalités influencées par le niveau de revenu des personnes concernées.

Sources

• Générales

  • SDG’s, Objectifs de développement durable (Sustainable Development Goals): United Nations (2015), Transforming our world: the 2030 Agenda for Sustainable Development. Resolution adopted by the General Assembly on 25 September 2015, document A/RES/70/1.

  • Indicateurs: United Nations (2017), Work of the Statistical Commission pertaining to the 2030 Agenda for Sustainable Development. Resolution adopted by the General Assembly on 6 July 2017, document A/RES/71/313.

  • UN Sustainable Development: https://sdgs.un.org/ (consulté le 18/01/2023).

  • UN Sustainable Development Goal indicators website: https://unstats.un.org/sdgs/ (consulté le 18/01/2023).

• Spécifiques

  • EC (2016), Methodological guidelines and description of EU-SILC - Target Variables -015 operation (Version August 2016), DocSILC065 (2015 operation).

  • Moniteur belge: http://www.ejustice.just.fgov.be/cgi/welcome.pl; recherche sur http://www.ejustice.just.fgov.be/doc/rech_f.htm (consulté le 24/09/2020).

  • Statbel (2021a), Chiffres clés 2021, p. 31, https://statbel.fgov.be/fr/nouvelles/chiffres-cles-2021 (consulté le 10/12/2021)

  • Statbel (2021b), SILC FAQ, https://statbel.fgov.be/fr/themes/menages/pauvrete-et-conditions-de-vie/faq, voir en particulier "Y a-t-il des ruptures de séries dans la chronologie de l'enquête SILC ?" (consulté le 19/11/2021).